Elève à l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers en troisième année de peinture, j'ai bénéficié d'un échange scolaire avec l'Institut des Beaux-Arts de Tianjin, en République Populaire de Chine. La mauvaise organisation de cet échange m'a permis de jouir d'une liberté certaine de circulation et de communication. J'ai été introduite, en dehors du cadre scolaire, auprès de vieux et savants calligraphes pensant l'art hors du temps. À Beijing et dans la province du Sichuan, j'ai aussi rencontré la jeune génération choisissant d'autres pistes que la tradition chinoise, et fort attirés par l'art occidental contemporain.
J'ai apprécié, rencontrant l'art chinois, l'enseignement qui m'avait été donné à Anvers: construction, rigueur, concentration, et énergie, car actuellement en Chine, le conformisme, l'académisme, la répétition laissent peu de place à la nouveauté. J'ai relativisé mon rapport à la "tradition" occidentale, et compris enfin que le sens de ce terme dépend surtout de son interprétation par celui qui vous l'enseigne.
Je me présente ici comme pratiquant du pinceau balbutiant le chinois, ni théoricien ni historien, avec pour but premier l'aisance accomplie, la synthèse du meilleur des deux cultures goûtées.
Celui qui fonderait sa connaissance uniquement sur les textes esthétiques, risquerait fort de ne jamais toucher l'essence de la peinture, se retrouverait incapable parce que rongé par un idéal esthétique et restrictif. Et puis, cette image idéale n'a plus, ou peu, de réalité présente. La tradition chinoise d'avant "l'influence occidentale" est certes actuellement largement enseignée, promue et appréciée mais aussi manipulée par une politique culturelle considérant l'art comme un instrument sur la culture et non pas comme une composante de la culture.
Pire encore est le mythe de la calligraphie comme improvisation d'un geste figé dans le mystère des signes. Chine et calligraphie sont indissociables, mais le non-sinisant possède rarement les connaissances basiques qui lui en simplifieraient le contact. Je soupçonne l'ignorance du public occidental quant au mécanisme vital écriture en Chine, d'être à l'origine de son incompréhension magistrale pour l'art chinois toutes périodes confondues. Il est d'ailleurs remarquable que les artistes chinois vivants s'exportant en Occident n'aient que deux options possibles pour trouver le succès: satisfaire à l'exotique délicat traditionnel (paysage avec calligraphie et jardin coloré avec petites femmes érotisées), ou satisfaire les bonnes consciences par une peinture explicitement "dissidente".
Face à une esthétique totalitaire nous prenons facilement une attitude de nostalgie, puisant dans la peinture ancienne chinoise une sensation de liberté harmonieuse.
Cet héritage, est la symbiose de l'image et du texte, c'est l'Unique Trait de Pinceau.
Elève à l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers en troisième année de peinture, j'ai bénéficié d'un échange scolaire avec l'Institut des Beaux-Arts de Tianjin, en République Populaire de Chine. La mauvaise organisation de cet échange m'a permis de jouir d'une liberté certaine de circulation et de communication. J'ai été introduite, en dehors du cadre scolaire, auprès de vieux et savants calligraphes pensant l'art hors du temps. À Beijing et dans la province du Sichuan, j'ai aussi rencontré la jeune génération choisissant d'autres pistes que la tradition chinoise, et fort attirés par l'art occidental contemporain.
J'ai apprécié, rencontrant l'art chinois, l'enseignement qui m'avait été donné à Anvers: construction, rigueur, concentration, et énergie, car actuellement en Chine, le conformisme, l'académisme, la répétition laissent peu de place à la nouveauté. J'ai relativisé mon rapport à la "tradition" occidentale, et compris enfin que le sens de ce terme dépend surtout de son interprétation par celui qui vous l'enseigne.
Je me présente ici comme pratiquant du pinceau balbutiant le chinois, ni théoricien ni historien, avec pour but premier l'aisance accomplie, la synthèse du meilleur des deux cultures goûtées.
Celui qui fonderait sa connaissance uniquement sur les textes esthétiques, risquerait fort de ne jamais toucher l'essence de la peinture, se retrouverait incapable parce que rongé par un idéal esthétique et restrictif. Et puis, cette image idéale n'a plus, ou peu, de réalité présente. La tradition chinoise d'avant "l'influence occidentale" est certes actuellement largement enseignée, promue et appréciée mais aussi manipulée par une politique culturelle considérant l'art comme un instrument sur la culture et non pas comme une composante de la culture.
Pire encore est le mythe de la calligraphie comme improvisation d'un geste figé dans le mystère des signes. Chine et calligraphie sont indissociables, mais le non-sinisant possède rarement les connaissances basiques qui lui en simplifieraient le contact. Je soupçonne l'ignorance du public occidental quant au mécanisme vital écriture en Chine, d'être à l'origine de son incompréhension magistrale pour l'art chinois toutes périodes confondues. Il est d'ailleurs remarquable que les artistes chinois vivants s'exportant en Occident n'aient que deux options possibles pour trouver le succès: satisfaire à l'exotique délicat traditionnel (paysage avec calligraphie et jardin coloré avec petites femmes érotisées), ou satisfaire les bonnes consciences par une peinture explicitement "dissidente".
Face à une esthétique totalitaire nous prenons facilement une attitude de nostalgie, puisant dans la peinture ancienne chinoise une sensation de liberté harmonieuse.
Cet héritage, est la symbiose de l'image et du texte, c'est l'Unique Trait de Pinceau.